Cas de force majeure VS théorie de l’imprévision sur les marchés publics

17 octobre 2025 Sébastien Kvot

La différence entre force majeure et imprévision dans les marchés publics constitue l’une des questions les plus fréquentes des entreprises confrontées à des événements exceptionnels 🏗️. Cette distinction s’avère cruciale car elle détermine vos droits, les procédures à suivre et les compensations possibles.

Votre entreprise peut-elle suspendre ses obligations ou doit-elle continuer l’exécution ? Pouvez-vous obtenir une indemnisation complète ou seulement partielle ? Dans quels délais réagir ?

Les récentes crises ont multiplié les situations d’incertitude 📊. En effet, la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et l’inflation des matières premières ont créé des bouleversements sans précédent. Par conséquent, de nombreuses entreprises ont dû choisir entre ces deux mécanismes juridiques sans toujours bien comprendre leurs implications.

Ce guide comparatif vous éclaire sur la différence entre force majeure et imprévision dans les marchés publics. Il vous fournit les clés pour identifier rapidement le bon mécanisme et optimiser vos chances de protection contractuelle 📋.

Un incendie majeur dans un bâtiment en construction avec des véhicules de secours sur place. - Force majeure dans les marchés publics

Définitions et fondements juridiques

Comprendre les bases légales de chaque mécanisme constitue le préalable à toute stratégie efficace dans vos marchés publics. ⚖️

Force majeure : l’impossibilité d’exécuter

La force majeure trouve sa définition dans l’article 1218 du Code civil et s’applique aux marchés publics via l’article L2195-2 du Code de la commande publique 📚. Elle caractérise un événement « échappant au contrôle du débiteur, qui ne pouvait être raisonnablement prévu et dont les effets ne peuvent être évités par des mesures appropriées« .

Cette définition implique trois conditions strictes et cumulatives 🎯 :

  • Premièrement, l’événement doit être imprévisible au moment de la signature du contrat.
  • Deuxièmement, il doit rendre impossible l’exécution malgré tous les efforts déployés.
  • Troisièmement, il doit être totalement extérieur aux parties contractantes.

La force majeure vise les situations d’empêchement absolu 🛑. Par exemple, une pandémie qui interdit physiquement l’accès aux chantiers ou une catastrophe naturelle qui détruit le site d’intervention. L’impossibilité doit être matérielle et non simplement économique.

Théorie de l’imprévision : le bouleversement économique

L’imprévision, codifiée à l’article L6 du Code de la commande publique, répond à une logique différente 💰. Elle vise à « préserver l’équilibre financier des marchés publics face à des événements imprévisibles majeurs » sans empêcher l’exécution.

Cette théorie, issue de l’arrêt historique « Compagnie générale d’éclairage de Bordeaux » (1916), exige également trois conditions 📜 :

  • L’événement doit être extérieur aux parties,
  • imprévisible lors de la signature,
  • Bouleversant temporairement l’équilibre du contrat.

Cependant, contrairement à la force majeure, l’exécution reste possible. L’imprévision cible les surcoûts exceptionnels qui rendent l’exécution beaucoup plus onéreuse 📈 Par exemple, une flambée des prix des matières premières qui multiplie par trois le coût initial, ou des contraintes sanitaires générant des frais supplémentaires considérables.

L'image montre un chantier de construction enneigé avec un engin de chantier jaune en avant-plan. - Force majeure dans les marchés publics

Articulation des deux mécanismes

Ces deux dispositifs peuvent parfois se succéder dans le temps selon l’évolution de la situation 🔄. Ainsi, un événement peut d’abord relever de la force majeure (impossibilité temporaire) puis de l’imprévision (surcoûts durables lors de la reprise). Cette articulation nécessite une analyse fine de chaque phase.

Tableau comparatif : principales différences

Visualisez rapidement les distinctions essentielles entre ces deux mécanismes de protection contractuelle. 📊

Critères Force majeure Imprévision
Effet principal Suspension/résiliation du contrat Indemnisation partielle des surcoûts
Exécution Impossible (empêchement absolu) Possible mais plus onéreuse
Obligations Suspendues temporairement Maintenues intégralement
Pénalités Supprimées automatiquement Maintenues (sauf négociation)
Délais Prolongés automatiquement Non modifiés (sauf avenant)
Indemnisation Généralement aucune Partielle (5 à 25% du déficit)
Initiative Peut être invoquée par l’entreprise Demande de l’entreprise uniquement
Résiliation Possible par l’acheteur Non applicable
Durée Événement ponctuel Effet durable pendant l’exécution
Preuve Impossibilité matérielle Déficit d’exploitation chiffré

Cette comparaison révèle des logiques opposées. La force majeure protège contre l’impossible, l’imprévision compense l’onéreux. Par conséquent, votre stratégie juridique doit s’adapter à la nature exacte de vos difficultés.

Conditions d’application détaillées

Maîtriser les critères spécifiques de chaque mécanisme optimise vos chances de reconnaissance et de protection. 🔍

Conditions de la force majeure

La qualification de force majeure exige la réunion simultanée de 3 critères stricts 🎯. Cette accumulation rend la reconnaissance relativement rare mais offre une protection totale lorsqu’elle est accordée.

1-L’imprévisibilité au moment contractuel : L’événement doit « déjouer tous les calculs » des contractants raisonnablement diligents. La jurisprudence apprécie ce critère objectivement : des intempéries saisonnières ne sont pas imprévisibles, contrairement à une tempête centenaire. De même, une grève dans un secteur conflictuel peut être prévisible.

2-L’irrésistibilité des effets : L’événement doit créer une impossibilité absolue d’exécuter, malgré tous les efforts possibles ⛔. Une simple difficulté ou un surcoût, même important, ne suffisent pas. Par exemple, si vous pouvez continuer les travaux avec des équipes réduites, l’irrésistibilité n’est pas caractérisée.

3-L’extériorité aux parties : L’événement doit être indépendant de la volonté et des actes des contractants 🌪️. Un incendie accidentel peut être extérieur, mais pas s’il résulte d’un manquement aux normes de sécurité. Cette condition exclut les fautes contributives de l’entreprise.

Image montrant un chantier de construction avec des engins de chantier et une tornade en arrière-plan. - Force majeure dans les marchés publics

Conditions de l’imprévision

L’imprévision répond à des critères distincts mais tout aussi rigoureux. La jurisprudence administrative a progressivement affiné ces exigences pour éviter les abus tout en protégeant les entreprises face aux aléas exceptionnels.

1-L’événement extérieur et imprévisible : Comme pour la force majeure, l’événement doit être extérieur aux parties et imprévisible lors de la signature 📋. Cependant, l’appréciation peut être moins stricte car l’enjeu est différent (indemnisation partielle vs suspension totale). Les circulaires de 2022 ont ainsi reconnu l’imprévisibilité des flambées de prix post-Covid.

2-Le bouleversement de l’économie du contrat : L’événement doit créer un « déséquilibre financier majeur » générant un « véritable déficit d’exploitation ». La jurisprudence retient généralement un seuil d’environ 6-7% de surcoût par rapport au coût initial. Certaines décisions ont accepté des seuils plus bas (3%) ou plus élevés (10%) selon le contexte.

3-La poursuite de l’exécution obligatoire : Condition spécifique à l’imprévision : l’entreprise doit continuer à exécuter ses obligations malgré les difficultés 🔄. L’arrêt Propétrol (1982) a confirmé qu’aucune indemnité n’est due en cas d’abandon. Cette exigence distingue nettement l’imprévision de la force majeure.

Conseil : Pour choisir le bon mécanisme, posez-vous ces questions essentielles. Pouvez-vous encore exécuter le contrat ? Si oui, orientez-vous vers l’imprévision. Si non, examinez les conditions de force majeure. L’impossibilité doit être absolue, pas seulement difficile ou coûteuse.

Effets et conséquences pour l’entreprise

Comprendre les impacts concrets de chaque mécanisme guide votre stratégie de gestion des aléas contractuels.

Effets de la force majeure

La reconnaissance de la force majeure déclenche des protections automatiques et immédiates. Ces effets, prévus par la loi et les CCAG, visent à préserver l’entreprise de toute sanction liée à l’empêchement exceptionnel.

Suspension des obligations et des délais : Vos obligations contractuelles sont automatiquement suspendues pendant la durée de l’empêchement ⏸️. Les délais d’exécution sont prolongés d’une période au minimum équivalente. Cette protection s’applique rétroactivement à partir de la date de survenance de l’événement.

Arrêt des pénalités de retard : Toutes les pénalités de retard cessent immédiatement et ne peuvent reprendre qu’après la fin de la force majeure 💰. Cette exonération constitue souvent l’enjeu financier principal pour les entreprises. De même, aucune autre sanction contractuelle ne peut être appliquée.

Absence d’indemnisation automatique : Contrairement à l’imprévision, la force majeure n’ouvre généralement pas droit à indemnisation. Chaque partie supporte les conséquences de l’événement sans recours contre l’autre. Seuls certains dommages directs peuvent exceptionnellement être compensés.

Possibilité de résiliation sans faute : Si l’empêchement devient définitif, l’acheteur peut résilier le marché sans que cela constitue une sanction 📋. Cette résiliation libère les deux parties de leurs obligations futures. Seul l’acheteur peut prendre cette initiative unilatéralement.

L'image montre une scène de destruction avec des débris et des morceaux de bois brûlés, suggérant un incendie ou une catastrophe. - Force majeure dans les marchés publics

Effets de l’imprévision

L’imprévision produit des effets différents, axés sur la compensation financière plutôt que sur la suspension. Cette approche permet de maintenir l’exécution tout en rééquilibrant économiquement le contrat.

Maintien intégral des obligations : Toutes vos obligations contractuelles demeurent en vigueur sans modification. Les délais, spécifications techniques et autres engagements restent identiques. Cette continuité constitue la contrepartie de l’indemnisation obtenue.

Indemnisation partielle des surcoûts : L’imprévision ouvre droit à une indemnité compensant partiellement les charges extraordinaires 💰. Cette compensation couvre généralement 75 à 95% du déficit d’exploitation, laissant un reste à charge de 5 à 25%. Le taux varie selon les circonstances et l’effort d’anticipation de l’entreprise.

Modalités de versement flexibles : L’indemnité peut être versée de manière échelonnée ou provisionnelle. Des acomptes peuvent être accordés en cours d’exécution pour soulager la trésorerie. Le montant définitif est généralement calculé en fin de contrat lors du décompte général.

Pas de modification automatique du contrat : L’indemnité d’imprévision est extracontractuelle et ne modifie pas les stipulations initiales 📋. Elle peut coexister avec des avenants de modification (prix, délais) dans la limite des seuils réglementaires. Cette souplesse permet d’adapter la réponse aux circonstances.

Stratégies combinées possibles

Dans certaines situations complexes, les deux mécanismes peuvent se succéder temporellement 🔄. Par exemple, la Covid-19 a d’abord créé une force majeure (interdiction d’accès aux chantiers) puis de l’imprévision (surcoûts sanitaires lors de la reprise). Cette évolution nécessite une adaptation de votre stratégie juridique.

Exemples concrets et cas pratiques

L’analyse de situations réelles éclaire les critères d’application et les enjeux pratiques de chaque mécanisme. 📋

Flambée des prix des matières premières

L’inflation post-pandémie et la guerre en Ukraine ont créé des situations complexes nécessitant une analyse fine :

Contexte économique exceptionnel : Les hausses du gaz, pétrole et matières premières de 2021-2022 ont été reconnues « sans conteste imprévisibles » par le gouvernement 💡 Ces événements extérieurs aux parties ont bouleversé l’économie de nombreux contrats, particulièrement dans le BTP.

Application de l’imprévision : La plupart des entreprises de construction ont pu continuer leurs travaux malgré les surcoûts 🔧. Par conséquent, l’imprévision s’appliquait plutôt que la force majeure. Les circulaires de 2022 ont encouragé les acheteurs à indemniser les charges extraordinaires dépassant les seuils jurisprudentiels.

Seuils jurisprudentiels de référence : La jurisprudence a établi qu’un surcoût supérieur à 7% du marché peut caractériser un bouleversement (CAA Marseille, 2008). À l’inverse, une variation de 3% avait été jugée insuffisante (CE 1990). Ces références guident l’appréciation des demandes d’indemnisation.

L'image montre un bulldozer jaune déblayant de la neige sur une route, entouré de neige abondante et d'autres véhicules de construction. - Force majeure dans les marchés publics

Catastrophes naturelles : entre les deux mécanismes

Les événements climatiques exceptionnels peuvent relever alternativement des deux dispositifs selon leur intensité et leurs effets :

Tempête destructrice – force majeure : La tempête de décembre 1999, avec ses vents record, a été reconnue comme force majeure par la jurisprudence. La destruction des chantiers rendait matériellement impossible la poursuite des travaux. L’imprévisibilité et l’irrésistibilité étaient caractérisées.

Sécheresse exceptionnelle – imprévision possible : Une sécheresse prolongée peut créer des surcoûts d’approvisionnement en eau sans empêcher totalement l’exécution. Si les travaux restent techniquement possibles mais nécessitent des moyens exceptionnels, l’imprévision peut s’appliquer. L’analyse dépend des circonstances concrètes.

Guide pratique de choix et d’action

Appliquez méthodiquement cette grille d’analyse pour identifier le bon mécanisme et optimiser votre protection contractuelle. 🎯

Grille d’analyse décisionnelle

Face à un événement exceptionnel, suivez cette méthode en trois étapes pour déterminer le mécanisme approprié.

Étape 1 : Analyse de faisabilité Posez-vous la question fondamentale : pouvez-vous encore exécuter vos obligations contractuelles ? 🤔

  • Si NON (impossibilité matérielle) → Orientez-vous vers la force majeure
  • Si OUI (exécution possible mais plus difficile/coûteuse) → Orientez-vous vers l’imprévision

Étape 2 : Vérification des critères Pour la force majeure, vérifiez les trois conditions strictes :

  • Imprévisibilité : L’événement était-il raisonnablement prévisible lors de la signature ?
  • Irrésistibilité : Avez-vous tout tenté pour surmonter l’obstacle ?
  • Extériorité : L’événement est-il totalement indépendant de votre volonté ?

Pour l’imprévision, examinez les conditions spécifiques :

  • Extériorité et imprévisibilité : Mêmes critères que la force majeure ;
  • Bouleversement économique : Le surcoût dépasse-t-il 6-7% du montant initial ?
  • Poursuite d’exécution : Êtes-vous en mesure de continuer le contrat ?

Étape 3 : Évaluation des enjeux Pesez les avantages et inconvénients de chaque option 💰

  • Force majeure : Protection totale mais pas d’indemnisation
  • Imprévision : Indemnisation partielle mais maintien des obligations

L'image montre des véhicules de construction sur une route montagneuse endommagée, probablement à la suite d'un glissement de terrain. - Force majeure dans les marchés publics

Procédures de mise en œuvre

Chaque mécanisme exige des démarches spécifiques qu’il convient de respecter scrupuleusement ⚡

Pour la force majeure : La notification doit être immédiate (48-72h maximum selon les CCAG). Adressez un courrier détaillé à l’acheteur décrivant :

  • La nature exacte de l’événement et sa date de survenance ;
  • L’impact concret sur vos obligations contractuelles ;
  • Les mesures prises pour limiter les conséquences ;
  • La durée prévisible de l’empêchement.

Constituez simultanément votre dossier probatoire avec tous les justificatifs 📋 Documents officiels, constats d’huissier, photos datées, attestations de fournisseurs, chronologie détaillée des événements.

Pour l’imprévision : Rédigez une demande motivée dès l’identification du bouleversement économique 📝. Votre réclamation doit comporter :

  • Analyse comparative des coûts prévisionnels vs réels ;
  • Justificatifs comptables précis (factures, devis, marge initiale) ;
  • Démonstration du lien de causalité avec l’événement ;
  • Proposition d’indemnisation chiffrée et justifiée.

Engagez la négociation amiable en parallèle d’éventuelles modifications contractuelles 🤝. L’imprévision peut se combiner avec des avenants dans la limite des seuils réglementaires (50% du montant initial).

Conclusion

Maîtriser la différence entre force majeure et imprévision transforme ces contraintes juridiques en outils de sécurisation de vos marchés publics. 🎯

Synthèse des enjeux stratégiques

La différence entre force majeure et imprévision dans les marchés publics détermine votre capacité à traverser les crises tout en préservant vos intérêts. Ces mécanismes offrent des protections complémentaires selon la nature et l’intensité des événements exceptionnels.

Retenez les distinctions fondamentales : la force majeure suspend vos obligations face à l’impossible, l’imprévision vous indemnise face à l’onéreux. Cette logique guide le choix du mécanisme approprié. Par ailleurs, une stratégie efficace peut combiner les deux approches selon l’évolution temporelle de la situation.

L'image montre un site de construction en ruines, avec des structures métalliques effondrées et des débris éparpillés. - Force majeure dans les marchés publics

Plan d’action en trois phases

Phase préventive – anticipez les risques : Intégrez des clauses dans vos réponses aux appels d’offres précisant les modalités d’application de chaque mécanisme 📋. Cartographiez les risques sectoriels et préparez vos procédures de réaction.

Phase réactive – agissez avec méthode : Appliquez la grille d’analyse pour identifier le bon mécanisme 🔍. Notifiez rapidement l’acheteur et constituez immédiatement votre dossier probatoire. Le dialogue transparent optimise vos chances de reconnaissance amiable.

Phase adaptative – ajustez votre stratégie : Suivez l’évolution de la situation et adaptez votre approche si nécessaire. Un événement peut changer de qualification dans le temps. Cette flexibilité juridique maximise votre protection tout au long du contrat.

Si vous avez des questions concernant les différences qu’ils existent entre le cas de force majeure et la théorie de l’imprévision sur les marchés publics, n’hésitez pas à nous contacter !

FAQ - Cas de force majeure VS théorie de l'imprévision

Toutes les réponses à vos questions

Comment savoir si mon cas relève de la force majeure ou de l'imprévision ?

La différence entre force majeure et imprévision dans les marchés publics repose sur un critère simple : pouvez-vous encore exécuter le contrat ? Si l’événement rend impossible l’exécution (chantier détruit, personnel immobilisé totalement), c’est de la force majeure. Si l’exécution reste possible mais devient beaucoup plus coûteuse (matériaux plus chers, contraintes sanitaires), c’est de l’imprévision.

Puis-je invoquer les deux mécanismes simultanément ?

Oui, dans certaines situations complexes où les effets évoluent dans le temps ⏰. Par exemple, la Covid-19 a d’abord créé une force majeure (interdiction d’accès aux chantiers) puis de l’imprévision (surcoûts sanitaires lors de la reprise). Vous pouvez notifier les deux mécanismes en expliquant votre analyse selon les phases.

Quel mécanisme offre la meilleure protection financière ?

Cela dépend de votre situation concrète 💰. La force majeure vous exonère totalement des pénalités et suspend les délais, mais n’offre généralement aucune indemnisation. L’imprévision maintient vos obligations mais vous indemnise partiellement (75-95% du déficit). Choisissez selon vos priorités : protection contre les sanctions ou compensation des pertes.

Dans quels délais dois-je réagir pour chaque mécanisme ?

Pour la force majeure, la notification doit être immédiate selon les CCAG (48-72h recommandées) 📞. Pour l’imprévision, aucun délai strict n’est imposé mais réagissez dès l’identification du bouleversement économique. Dans tous les cas, la rapidité renforce votre crédibilité et préserve vos droits.

L'inflation des matières premières relève-t-elle de l'imprévision ?

Généralement oui, si elle dépasse les seuils jurisprudentiels (6-7% du marché) 📈 Les hausses récentes du gaz, pétrole et matériaux ont été reconnues imprévisibles par le gouvernement. Cependant, vous devez prouver le lien direct avec un événement extérieur (guerre, crise) et l’absence de clause de révision des prix couvrant ces hausses.

Puis-je arrêter l'exécution en cas d'imprévision ?

Non, l’imprévision exige la poursuite de l’exécution malgré les surcoûts 🚫 L’arrêt du contrat fait perdre le droit à indemnisation (jurisprudence Propétrol). Cette obligation distingue fondamentalement l’imprévision de la force majeure qui suspend automatiquement vos obligations.

Comment calculer le montant de l'indemnité d'imprévision ?

Comparez vos coûts réels aux coûts prévisionnels initiaux en isolant les charges extraordinaires 📊. L’indemnité couvre généralement 75 à 95% du déficit, laissant 5 à 25% à votre charge. Le taux varie selon votre effort d’anticipation et la nature de l’événement. Rassemblez tous vos justificatifs comptables précis.

Quelle différence avec les clauses de révision des prix ?

Les clauses de révision couvrent les variations normales et prévisibles des coûts 📋. L’imprévision intervient pour les bouleversements exceptionnels non couverts par ces clauses. Si votre contrat comporte une révision automatique, elle s’applique d’abord. L’imprévision ne joue que si l’économie reste déséquilibrée après révision.

Puis-je contester le refus de l'acheteur devant le juge ?

Oui, vous pouvez saisir le juge administratif en cas de refus de reconnaissance ⚖️. Pour l’imprévision, le recours s’exerce après notification du décompte général définitif. Pour la force majeure, vous pouvez contester immédiatement le refus d’exonération des pénalités. Préparez un dossier solide avec tous vos justificatifs.

Ces mécanismes s'appliquent-ils à tous les marchés publics ?

Oui, force majeure et imprévision s’appliquent à tous les marchés et contrats de concession relevant du Code de la commande publique 📜. Les principes restent identiques, seules les modalités pratiques peuvent varier selon les CCAG applicables. Les contrats de droit privé relèvent d’un régime différent.

Comment optimiser mes chances de reconnaissance ?

Constituez un dossier probatoire complet dès la survenance de l’événement 📋. Documentez précisément l’imprévisibilité, l’extériorité et l’impact concret. Maintenez un dialogue transparent avec l’acheteur et proposez des solutions constructives. L’expertise juridique spécialisée améliore significativement vos chances de succès.

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