Cas de force majeure dans l’exécution des marchés publics

3 octobre 2025 Sébastien Kvot

Pandémie mondiale, tempêtes historiques, conflits armés… Comment ces événements exceptionnels peuvent-ils bouleverser l’exécution de vos marchés publics ?

La force majeure dans l’exécution des marchés publics représente aujourd’hui un réel enjeu pour toutes les entreprises engagées dans la commande publique. En effet, depuis la crise sanitaire de 2020, cette notion juridique a démontré son importance stratégique. Elle constitue par ailleurs un mécanisme de protection indispensable face aux aléas imprévisibles 🏗️

Votre entreprise peut-elle suspendre ses obligations contractuelles suite à une catastrophe ? Dans quelles conditions pouvez-vous éviter les pénalités de retard ? Comment réagir efficacement face à un événement exceptionnel ?

Ce guide complet vous accompagne dans la maîtrise de la force majeure dans l’exécution des marchés publics. Il vous fournit les clés pratiques pour protéger votre activité. Pour lire la suite, c’est ici que cela se passe 👇.

💡 À retenir : La force majeure dans l’exécution des marchés publics peut vous protéger des sanctions contractuelles lors d’événements exceptionnels, mais seulement si vous respectez les procédures appropriées.

L'image montre une rue urbaine boueuse avec des traces de pneus de véhicules de chantier. - Force majeure dans les marchés publics

Définition et cadre juridique de la force majeure

Comprendre les bases légales de la force majeure constitue le préalable indispensable à toute action efficace dans vos marchés publics. ⚖️

Le socle légal de la force majeure

La force majeure dans l’exécution des marchés publics puise ses fondements dans deux sources juridiques complémentaires. D’une part, l’article 1218 du Code civil définit la force majeure comme « un événement échappant au contrôle du débiteur« . D’autre part, le Code de la commande publique précise les modalités d’application spécifiques aux contrats publics.

Cette double approche juridique reflète la spécificité des marchés publics. En effet, ils combinent les principes généraux du droit des contrats avec les exigences particulières de la commande publique. Ainsi, votre entreprise bénéficie d’une protection renforcée, mais elle doit respecter des procédures strictes.

L’article L2195-2 du Code de la commande publique est tout aussi important 🏛️. Il dispose que « l’acheteur peut résilier le marché en cas de force majeure« . Cette disposition offre donc un cadre sécurisé pour les deux parties contractantes.

Les trois piliers de la qualification

Pour qu’un événement soit reconnu comme force majeure dans l’exécution des marchés publics, la jurisprudence exige la réunion simultanée de trois conditions strictes 🎯. Chacune de ces conditions doit être démontrée avec précision.

L’imprévisibilité de l’événement

L’événement doit présenter un caractère imprévisible au moment de la signature du contrat. Cette imprévisibilité s’apprécie du point de vue d’un contractant normalement diligent. Par conséquent, un phénomène cyclique ou statistiquement prévisible ne pourra pas être invoqué comme force majeure.

La jurisprudence illustre parfaitement ce critère ⚡. Ainsi, le Conseil d’État a refusé la qualification de force majeure pour des pluies saisonnières normales. Cependant, la tempête de décembre 1999 a été reconnue comme imprévisible en raison de son caractère exceptionnel.

L’irrésistibilité des effets

L’événement doit rendre impossible l’exécution du contrat, malgré tous les efforts raisonnables déployés par l’entreprise. Cette impossibilité doit être absolue. En effet, une simple difficulté ou un surcoût ne suffisent pas à caractériser l’irrésistibilité.

Cette condition distingue clairement la force majeure dans l’exécution des marchés publics de la théorie de l’imprévision. Donc, si votre entreprise peut encore exécuter ses obligations, même difficilement, la force majeure ne sera pas reconnue. Par ailleurs, le juge vérifiera que vous avez tout mis en œuvre pour surmonter l’obstacle.

L’extériorité par rapport aux parties

L’événement doit être totalement indépendant de la volonté des contractants 🌪️. Il ne doit résulter ni d’une faute ni d’un acte de l’entreprise ou de l’acheteur public. Cette extériorité garantit le caractère véritablement exceptionnel de l’événement. La jurisprudence examine attentivement ce critère 🔍. En conséquence, un incendie dans vos locaux pourra être considéré comme extérieur s’il résulte d’un facteur accidentel. Cependant, il sera imputable à votre entreprise s’il découle d’un manquement aux normes de sécurité.

L'image montre des ruines et des débris après un incendie ou une catastrophe, avec des bâtiments détruits et des débris éparpillés. - Force majeure dans les marchés publics

L’articulation avec les autres théories juridiques

La force majeure dans l’exécution des marchés publics se distingue nettement d’autres mécanismes juridiques. Cette distinction s’avère cruciale pour déterminer les recours disponibles et les indemnisations possibles.

Force majeure versus imprévision

L’imprévision vise les situations où l’exécution devient plus onéreuse sans être impossible 💰. Dans ce cas, votre entreprise peut obtenir une indemnisation partielle des surcoûts. En revanche, la force majeure suspend ou éteint complètement les obligations contractuelles. Cette distinction pratique influence directement votre stratégie contentieuse 🎯 Ainsi, si vos coûts de matières premières explosent, vous relèverez plutôt de l’imprévision. Si votre usine est détruite par une catastrophe, vous serez dans le domaine de la force majeure.

Le cas fortuit et ses spécificités

Le cas fortuit se caractérise par l’impossibilité d’identifier le responsable d’un événement imprévu 🎲. Cette notion s’avère surtout pertinente en matière de dommages. Par ailleurs, elle se rapproche de la force majeure mais s’en distingue par l’absence de caractère nécessairement irrésistible.

💡 Conseil : Documentez systématiquement les circonstances de tout événement perturbateur. Cette traçabilité vous permettra de qualifier précisément la situation et de choisir la voie juridique appropriée.

La maîtrise de ces distinctions vous permet d’optimiser vos chances de reconnaissance de la force majeure dans l’exécution des marchés publics et d’obtenir la protection juridique adaptée à votre situation.

Les effets juridiques concrets de la force majeure

Quelles sont les conséquences pratiques d’un cas de force majeure reconnu sur l’exécution de votre marché public ? 📋

Suspension automatique des obligations

Lorsqu’un événement de force majeure dans l’exécution des marchés publics est formellement reconnu, plusieurs mécanismes de protection s’activent immédiatement au bénéfice de votre entreprise. Cette protection automatique constitue l’un des aspects les plus précieux du dispositif.

La suspension des obligations contractuelles représente le premier effet de la force majeure ⏸️.

Concrètement, si l’empêchement est temporaire, toutes les échéances affectées par l’événement sont gelées. Ainsi, vos délais d’exécution, dates de livraison et autres obligations temporelles sont reportés d’une durée équivalente à celle de l’empêchement.

Important : Cette suspension s’accompagne automatiquement de l’arrêt des pénalités de retard. Pendant toute la période où la force majeure produit ses effets, aucune sanction financière ne peut vous être appliquée. Par ailleurs, cette protection s’étend à l’ensemble des sanctions contractuelles liées à l’inexécution temporaire.

Exonération complète de responsabilité

L’exonération de responsabilité constitue le corollaire logique de la suspension des obligations 🛡️. Le cas de force majeure libère votre entreprise de toute responsabilité pour les manquements directement causés par l’événement exceptionnel.

Cette protection juridique s’avère particulièrement précieuse pour les PME, souvent plus vulnérables aux aléas externes.  Ainsi, l’acheteur public ne peut prononcer aucune sanction contractuelle : pas de mise en régie à vos frais, pas de résiliation pour faute, pas de dommages-intérêts réclamés. Cependant, cette exonération ne couvre que la période d’empêchement effectif. Dès que les conditions normales d’exécution redeviennent possibles, vos obligations contractuelles reprennent leur cours. Par conséquent, vous devez reprendre l’exécution sans délai supplémentaire injustifié.

L'image montre un chantier de construction avec des camions et des grues, et une explosion ou un incendie en arrière-plan. - Force majeure dans les marchés publics

Règles d’indemnisation spécifiques

La question de l’indemnisation en cas de force majeure obéit à des règles particulières, souvent mal comprises par les entreprises 💰. Le principe général exclut toute compensation pour les profits perdus ou les frais généraux d’immobilisation.

Néanmoins, certains dommages directs peuvent faire l’objet d’une indemnisation. Exemples :

  • Matériel de chantier détruit par un phénomène climatique exceptionnel (grue renversée par une tempête d’ampleur rare, engins noyés par une crue centennale).
  • Matériaux déjà approvisionnés et stockés sur site mais devenus inutilisables après un incendie déclenché par la foudre.
  • Bases-vie ou installations de chantier sinistrées par une catastrophe naturelle (tornade, séisme).
  • Dépenses engagées pour la remise en état du chantier après un sinistre reconnu comme force majeure (nettoyage après une coulée de boue, remise en état du terrain).

Ces indemnisations restent toutefois exceptionnelles et doivent être expressément prévue.

Les nouveaux CCAG prévoient parfois des dispositions plus favorables ✨. Le CCAG-Travaux de 2021 ouvre ainsi la possibilité d’indemniser certains préjudices subis, sous réserve d’avoir pris les mesures de sauvegarde appropriées et d’avoir averti immédiatement l’acheteur.

Modalités de résiliation pour force majeure

Si l’événement rend définitivement impossible l’exécution du marché, la résiliation devient inévitable ❌. Cette résiliation présente des caractéristiques spécifiques qu’il convient de bien maîtriser. Seul l’acheteur public détient le pouvoir de prononcer unilatéralement cette résiliation. L’article L2195-2 du Code de la commande publique lui confère cette prérogative. Votre entreprise ne peut donc pas rompre le contrat de sa propre initiative, même en cas de force majeure avérée.

Cette résiliation ne constitue pas une sanction mais la simple constatation de l’impossibilité de poursuivre le contrat ⚖️. En conséquence, elle n’affecte pas votre réputation d’entreprise ni votre capacité à candidater sur d’autres marchés. Par ailleurs, aucune indemnité n’est généralement due de part et d’autre.

Articulation avec l’imprévision post-crise

Une situation complexe peut survenir lorsque la force majeure cesse mais que ses conséquences perturbent durablement l’économie du contrat 🔄. Dans ce cas, la force majeure peut s’articuler avec la théorie de l’imprévision.

Concrètement, si la reprise de l’exécution s’accompagne de surcoûts importants dus aux bouleversements causés par la crise, vous pouvez solliciter une indemnisation au titre de l’imprévision 📈. Cette double protection permet de gérer efficacement les conséquences à long terme des événements exceptionnels.

La circulaire de 1974 prévoit explicitement cette articulation. Elle dispose que le titulaire ayant subi un retard dû à la force majeure peut demander l’application de la théorie de l’imprévision si ce retard a bouleversé l’économie du contrat.

À retenir : La force majeure dans l’exécution des marchés publics offre une protection immédiate (suspension, exonération) mais peut se combiner avec l’imprévision pour gérer les conséquences durables de la crise.

Deux casques de chantier jaunes posés sur une route fissurée, avec des ouvriers flous en arrière-plan. - Force majeure dans les marchés publics

Exemples concrets et jurisprudence récente

L’analyse de cas réels permet de mieux comprendre comment les tribunaux qualifient la force majeure dans les marchés publics. 🏛️

La pandémie de Covid-19 : un précédent majeur

La crise sanitaire de 2020-2021 constitue l’exemple le plus récent et emblématique de force majeure reconnue massivement par les autorités 🦠. Dès le 28 février 2020, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a officiellement déclaré que le Covid-19 serait « considéré comme un cas de force majeure pour les entreprises ».

Cette reconnaissance gouvernementale s’est traduite par des mesures concrètes pour protéger les entreprises. Ainsi, l’État et les collectivités locales ont été invités à suspendre automatiquement l’application des pénalités de retard. Par ailleurs, une ordonnance du 25 mars 2020 a prorogé tous les délais d’exécution de la durée de l’état d’urgence sanitaire majorée de deux mois.

Cependant, la qualification restait soumise à l’appréciation au cas par cas 🔍.

Les catastrophes naturelles exceptionnelles

Les intempéries d’ampleur historique constituent traditionnellement des cas de force majeure dans l’exécution des marchés publics admis par la jurisprudence ⛈️. La tempête de décembre 1999, avec ses vents record, illustre parfaitement cette reconnaissance. Cet événement, imprévu depuis des décennies, a été qualifié de force majeure par les tribunaux administratifs. De même, le raz-de-marée exceptionnel survenu dans le port de Nice en 1979 a été reconnu comme force majeure 🌊. Les vagues de 7 mètres provoquées par un abaissement soudain du niveau de la mer répondaient parfaitement aux trois critères : imprévisibilité, irrésistibilité et extériorité.

En revanche, les aléas climatiques ordinaires ne bénéficient pas de cette qualification. Par conséquent, des précipitations neigeuses hivernales ou des tempêtes modérées restent considérées comme prévisibles. Le Conseil d’État exige un caractère quasi-cataclysmique pour retenir la force majeure météorologique.

L'image montre un pont suspendu jaune partiellement effondré sous un ciel orageux, entouré de débris et de structures métalliques endommagées. - Force majeure dans les marchés publics

Conflits armés et crises géopolitiques

La guerre en Ukraine déclenchée en 2022 offre un exemple contemporain d’application de la force majeure en contexte géopolitique. Les ruptures d’approvisionnement en matériaux stratégiques (acier, bois, énergie) ont empêché de nombreuses entreprises de respecter leurs engagements contractuels.

Le gouvernement français a rapidement reconnu le caractère exceptionnel de cette situation 📢. Ainsi, la Direction des Affaires Juridiques a recommandé aux acheteurs publics de ne pas appliquer de pénalités lorsque des difficultés d’approvisionnement liées au conflit retardaient l’exécution des marchés.

Important : Cette reconnaissance distingue soigneusement l’impact direct du conflit (empêchement physique ou légal) de son impact indirect (flambée des prix) 💸 En effet, la pénurie de matériaux rendant impossible la poursuite des travaux relève de la force majeure, tandis que les surcoûts engendrés appellent plutôt des mécanismes d’imprévision.

Cas refusés par la jurisprudence

L’analyse des refus de qualification éclaire utilement les limites de la force majeure dans l’exécution des marchés publics 🚫. Par exemple, des attentats isolés n’ont pas été retenus comme force majeure lorsque leur impact restait localisé et que des solutions alternatives existaient.

Les grèves constituent un cas d’espèce particulièrement délicat 🪧 Une grève interne du personnel de l’entreprise titulaire sera généralement considérée comme imputable à l’entreprise. Cependant, une grève générale ou sectorielle peut être reconnue comme extérieure si le titulaire n’avait aucune prise sur elle.

De même, les vols de matériel ou les pannes d’équipement ne constituent pas des cas de force majeure 🔧 Ces risques peuvent être couverts par l’entrepreneur (assurance, maintenance préventive) et ne proviennent pas d’une cause extérieure inévitable.

L'image montre des engins de chantier opérant dans une zone inondée, avec des ouvriers portant des casques de sécurité. - Force majeure dans les marchés publics

Évolution récente des critères d’appréciation

La jurisprudence récente tend vers une appréciation plus nuancée. Ainsi, les tribunaux examinent désormais plus attentivement le caractère proportionné des mesures prises par l’entreprise pour surmonter l’obstacle. Cette évolution se traduit par une exigence renforcée de documentation des efforts déployés 📋. Par conséquent, votre entreprise doit démontrer avoir tout mis en œuvre pour maintenir l’exécution malgré l’événement perturbateur. Cette preuve active devient déterminante dans l’appréciation du caractère irrésistible.

L’émergence de nouveaux risques systémiques (cyber-attaques, pandémies, dérèglement climatique) pousse également les juridictions à adapter leurs critères d’analyse 🌍. Ainsi, des événements autrefois considérés comme prévisibles peuvent être requalifiés au regard de leur intensité exceptionnelle.

Conseil : Constituez un dossier de force majeure dès la survenance de l’événement, en documentant précisément son caractère exceptionnel, ses effets sur votre entreprise et les mesures prises pour limiter l’impact.

Guide pratique : réagir efficacement en cas de force majeure

Face à un événement exceptionnel, votre réactivité et la qualité de votre réponse détermineront l’issue de votre demande de reconnaissance de force majeure. 🚀

Notification immédiate : la première étape cruciale

La notification rapide à l’acheteur public constitue votre première obligation en cas de force majeure dans l’exécution des marchés publics. Cette démarche, souvent sous-estimée par les entreprises, conditionne largement l’acceptation de votre demande. En effet, un retard dans la déclaration affaiblit considérablement votre position juridique.

La plupart des CCAG imposent une notification écrite dans les 15 jours suivant la survenance de l’événement ⏰. Cependant, le CCAG-Travaux exige une déclaration « immédiate » dès la constatation de l’empêchement. Par conséquent, ne tardez jamais à informer l’acheteur, même si vous n’avez pas encore tous les éléments d’analyse.

Votre notification doit comporter des éléments précis pour être recevable 📝. Ainsi, décrivez l’événement, sa date exacte de survenance, son impact concret sur l’exécution et une estimation préliminaire de sa durée. Par ailleurs, n’hésitez pas à mentionner les mesures immédiates prises pour limiter les conséquences.

Modèle de notification express : « Suite à [événement] survenu le [date], notre [activité/chantier] est totalement interrompu(e), nous empêchant de respecter [obligation précise]. Nous sollicitons la reconnaissance de la force majeure et vous tiendrons informés de l’évolution de la situation. »

Constitution du dossier probatoire

La démonstration de la force majeure repose sur la qualité de vos preuves 📊. Cette étape déterminante nécessite une approche méthodique et exhaustive. En effet, vous devez établir de manière incontestable la réunion des trois critères légaux.

Rassemblez immédiatement tous les documents officiels disponibles.

Exemples : les bulletins météorologiques de Météo-France pour des intempéries, les arrêtés préfectoraux de catastrophe naturelle, ou les décisions gouvernementales pour une crise sanitaire. Ces éléments objectifs constituent la base de votre argumentation.

Complétez votre dossier avec des preuves spécifiques à votre situation. Ainsi, réalisez des constats photographiques datés, obtenez des attestations de vos fournisseurs ou sous-traitants affectés, et conservez tous les échanges avec les autorités compétentes. Par ailleurs, documentez précisément vos efforts pour surmonter l’obstacle.

La chronologie des événements revêt une importance particulière 📅. Donc, établissez un calendrier précis montrant la corrélation directe entre l’événement et vos difficultés d’exécution. Cette démonstration du lien de causalité s’avère souvent décisive dans l’appréciation de votre demande.

L'image montre un chantier de construction sous une forte pluie avec un éclair visible dans le ciel. Plusieurs camions et grues sont présents sur le site. - Force majeure dans les marchés publics

Négociation des avenants nécessaires

Certaines situations de force majeure nécessitent des adaptations contractuelles formelles 📄. Ces modifications, matérialisées par des avenants, sécurisent juridiquement la poursuite du marché. En effet, elles actent officiellement les conséquences de la crise sur le contrat initial. La prolongation des délais constitue l’avenant le plus fréquent. Cependant, attention aux seuils légaux : une prolongation dépassant la durée initiale du marché peut nécessiter une nouvelle mise en concurrence. Par conséquent, évaluez précisément l’impact temporel de la crise pour dimensionner correctement votre demande.

D’autres adaptations peuvent s’avérer nécessaires selon le contexte 💡 Par exemple, une modification des spécifications techniques si certains matériaux sont devenus indisponibles, ou une révision des prix si la reprise s’accompagne de surcoûts durables relevant de l’imprévision.

À retenir : La gestion efficace d’une situation de force majeure dans l’exécution des marchés publics repose sur trois piliers : réactivité (notification immédiate), rigueur (constitution du dossier probatoire) et dialogue (communication transparente avec l’acheteur).

Prévention et anticipation : sécuriser vos futurs marchés

L’anticipation des risques de force majeure dès la phase de candidature constitue un avantage concurrentiel décisif pour votre entreprise. 🛡️

Cartographie des risques sectoriels

L’identification préalable des risques spécifiques à votre secteur d’activité optimise votre préparation face aux situations de force majeure 🗺️ Cette analyse vous permet d’adapter vos offres et de prévoir des solutions de contournement appropriées.

Les secteurs présentent des vulnérabilités différenciées qu’il convient de cartographier :

BTP et les travaux publics :

  • Intempéries exceptionnelles (tempêtes, inondations, canicules extrêmes) ;
  • Découvertes archéologiques ou pollution des sols ;
  • Ruptures d’approvisionnement en matériaux stratégiques ;
  • Restrictions sanitaires affectant les chantiers.

Prestations intellectuelles :

  • Pandémies limitant les déplacements et réunions ;
  • Cyber-attaques paralysant les systèmes informatiques ;
  • Conflits géopolitiques affectant les données sensibles ;
  • Modifications réglementaires majeures en cours d’étude.

Fournitures et équipements :

  • Crises géopolitiques perturbant les chaînes d’approvisionnement ;
  • Pénuries de composants critiques (semi-conducteurs, terres rares) ;
  • Interdictions d’exportation soudaines ;
  • Défaillances de fournisseurs uniques stratégiques.

Cette cartographie sectorielle vous guide dans l’élaboration de stratégies de mitigation adaptées 📊

Image d'un chantier sous un orage avec un éclair frappant à proximité, des camions et des grues visibles. - Force majeure dans les marchés publics

Systèmes de veille et d’alerte précoce

L’implémentation d’un système de veille efficace vous permet d’anticiper les situations potentielles de force majeure. Cette capacité d’anticipation constitue un facteur différenciant dans la gestion des crises et la relation avec les acheteurs publics.

Organisez votre veille autour de plusieurs axes complémentaires pour une couverture optimale :

  • Veille météorologique : abonnement aux alertes Météo-France, suivi des prévisions saisonnières ;
  • Veille géopolitique : monitoring des tensions internationales, évolution des sanctions économiques ;
  • Veille sanitaire : surveillance épidémiologique, recommandations des autorités de santé ;
  • Veille économique : tensions sur les matières premières, évolution des cours stratégiques ;
  • Veille réglementaire : modifications des normes techniques, évolutions du droit public.

Cette veille multicritères vous permet d’activer préventivement vos plans de continuité d’activité 📈 Par ailleurs, elle facilite la communication proactive avec vos clients publics en cas de menace identifiée.

Documentation et capitalisation d’expérience

La constitution d’une base documentaire sur vos expériences de force majeure dans l’exécution des marchés publics enrichit progressivement votre expertise et accélère vos réactions futures 📚. Cette capitalisation d’expérience constitue un actif immatériel précieux pour votre entreprise.

Documentez systématiquement chaque épisode de crise selon une grille d’analyse standardisée. Ainsi, analysez les facteurs déclencheurs, l’efficacité de vos mesures de réaction, la qualité du dialogue avec les acheteurs et les enseignements à retenir. Cette approche méthodique transforme chaque difficulté en source d’amélioration.

Partagez ces retours d’expérience au sein de votre organisation pour diffuser les bonnes pratiques 🤝. En effet, la sensibilisation de vos équipes aux procédures de crise améliore considérablement votre réactivité. Par conséquent, organisez régulièrement des formations internes sur la gestion des situations exceptionnelles.

À retenir : L’anticipation de la force majeure dans l’exécution des marchés publics transforme une contrainte subie en avantage maîtrisé. La prévention contractuelle, la cartographie des risques et les stratégies de résilience constituent les piliers de cette approche proactive.

L'image montre un chantier avec des casques de sécurité jaunes posés sur le sol fissuré, et des ouvriers en arrière-plan. - Force majeure dans les marchés publics

Conclusion sur les cas de forces majeures

La maîtrise de la force majeure dans l’exécution des marchés publics s’organise autour d’une stratégie temporelle claire : avant, pendant et après la crise.

En amont – préparez-vous : Cartographiez les risques spécifiques à votre secteur et diversifiez vos fournisseurs critiques. Ainsi, mettez en place un système de veille pour anticiper les situations à risque.

Pendant la crise – réagissez efficacement : Notifiez immédiatement l’acheteur public dès la survenance de l’événement exceptionnel. Constituez méthodiquement votre dossier probatoire avec tous les justificatifs nécessaires. Par ailleurs, maintenez un dialogue transparent et constructif tout au long de la période d’empêchement.

Après – sécurisez la reprise : Préparez activement la remobilisation de vos équipes et moyens dès que la situation le permet 🔄. Négociez les avenants nécessaires (prolongation de délais, adaptations contractuelles) et documentez l’expérience pour enrichir votre expertise future.

Si vous avez des questions concernant le cas de force majeure, n’hésitez pas à nous contacter !

FAQ - Cas de force majeure et marchés publics

Toutes les réponses à vos questions

Quand puis-je invoquer la force majeure dans un marché public ?

Vous pouvez invoquer la force majeure dans l’exécution des marchés publics uniquement si trois conditions sont simultanément réunies 📋. L’événement doit être imprévisible lors de la signature du contrat, rendre impossible l’exécution malgré tous vos efforts, et être totalement extérieur à votre volonté. Par exemple, une pandémie mondiale ou une tempête centenaire peuvent être qualifiées, mais pas des intempéries saisonnières normales.

Combien de temps ai-je pour notifier l'acheteur public ?

La plupart des CCAG imposent une notification dans les 15 jours suivant l’événement ⏰. Cependant, le CCAG-Travaux exige une déclaration « immédiate ». Par conséquent, réagissez le plus rapidement possible, idéalement dans les 48 heures, pour préserver vos droits et votre crédibilité.

Puis-je obtenir une indemnisation en cas de force majeure ?

En principe, la force majeure dans l’exécution des marchés publics n’ouvre pas droit à indemnisation. Chaque partie supporte les conséquences de l’événement sans recours contre l’autre. Néanmoins, certains dommages directs (matériel détruit par l’événement) peuvent exceptionnellement être indemnisés selon les clauses contractuelles ou les CCAG récents.

La force majeure suspend-elle automatiquement les pénalités de retard ?

Oui, dès la reconnaissance de la force majeure, toutes les pénalités de retard sont automatiquement suspendues. De plus, les délais d’exécution sont prolongés d’une durée au moins équivalente à celle de l’empêchement. Cette protection s’applique rétroactivement à partir de la date de survenance de l’événement.

Puis-je résilier mon marché pour force majeure ?

Seul l’acheteur public détient le pouvoir de résilier unilatéralement pour force majeure dans l’exécution des marchés publics 🏛️. Vous ne pouvez pas rompre le contrat de votre propre initiative. Cependant, vous pouvez solliciter une résiliation amiable ou saisir le juge si l’empêchement rend définitivement impossible l’exécution du marché.

Comment différencier force majeure et imprévision ?

La force majeure rend impossible l’exécution du contrat, tandis que l’imprévision la rend seulement plus onéreuse 🎭. Si vous pouvez encore exécuter vos obligations malgré des difficultés ou surcoûts, vous relevez de l’imprévision. Si l’exécution devient matériellement impossible, c’est de la force majeure.

Quelles preuves dois-je rassembler ?

Constituez immédiatement un dossier complet avec documents officiels, attestations de tiers, photos datées et chronologie précise des événements 📸. Démontrez le lien direct entre l’événement et votre impossibilité d’exécuter, ainsi que les efforts déployés pour surmonter l’obstacle.

Que faire si l'acheteur refuse de reconnaître la force majeure ?

Maintenez le dialogue et étoffez votre dossier avec des éléments complémentaires 🤝. Si le désaccord persiste, vous pouvez saisir le juge administratif pour faire reconnaître la force majeure. En attendant, continuez d’exécuter ce qui reste possible tout en documentant vos difficultés.

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